Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
"SANS LA LIBERTE DE BLÂMER, IL N'EST POINT D'ELOGE FLATTEUR" (Beaumarchais)
"SANS LA LIBERTE DE BLÂMER, IL N'EST POINT D'ELOGE FLATTEUR" (Beaumarchais)
Archives
Derniers commentaires
9 mai 2011

LETTRE OUVERTE A LAMINE MASSALY, "BLE Goudé de Wade"

Monsieur le Président du Conseil d’administration de Dakarnave

Lors de votre passage à l’émission télévisée « Show tout chaud » le dimanche 1er mai 2011 sur la chaîne 2STV, vous avez déclaré : « Je suis le Charles Blé Goudé de Wade ». Ce bout de phrase appuyé des mimes gestuelles qui l’accompagnaient ne nous a pas laissé indifférent. Un collègue compatriote à qui nous faisions part de ce projet de « lettre ouverte », nous a recommandé de « ne pas perdre notre temps à donner de l’importance à ces politiciens ». Notre réponse à lui fut : « non, justement, il est important ce Massaly. »

Car, dans la société, si vous n’accordez pas d’importance, ni même au chien du Chef qui vous dirige, vous n’accordez pas plus d’importance au Chef lui-même et donc pas à vous-même qui l’avez choisi. Parce que le Président Wade est important aux Sénégalais, au moins jusqu’en 2012, il est important que le peuple s’assure que les gardiens de cet homme sont normaux. Il y va de la sécurité de tous, y compris de Wade lui-même.

Monsieur le « Président »,

Comme vous, nous sommes jeune Sénégalais, (moins de 35 ans), agissant à l’étranger sur d’autre sphère d’activité professionnelle en rapport étroit avec les ambitions d’expansion économique, diplomatique, intellectuelle, stratégique, culturel, etc. du Sénégal. Une manière de dire que, tout comme vous, et votre icône, Charles Blé Goudé, nous sommes « JEUNE PATRIOTE ». Suffisant, non, pour débattre avec vous ?

Monsieur le « Président »,

Dans un régime prévenant et alerte, cette déclaration vous aurait valu un rappel à l’ordre des instances dirigeantes du Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Vous nous direz, et pourquoi, diantre ?

Eh bien, parce que, tout simplement, en établissant une similitude directe entre vous et Charles Blé Goudé, vous en établissez également entre le régime de Wade, votre mentor, et celui de Gbagbo, le mentor de Blé Goudé. Présumant que vous savez que ce dernier régime vient de chuter pour déni de démocratie et que pèsent sur votre idole de lourdes présomptions de crimes contre l’humanité, nous en concluons que vous insinuez l’existence ou l’envi de choses peu orthodoxes au Sénégal et qui peuvent être irritables à l’oreille du votre Chef. Et, à raison, ces choses sont de nature à éveiller des craintes dans la société. Vous auriez dû avoir davantage le courage d’approfondir la comparaison en disant ce que vous savez de commun dans la pratique de vos deux régimes. Nous savions l’homme Wade politiquement antipathique de l’homme Gbagbo, et inversement. Ce que nous ne savions pas, par contre, et que vous venez de nous révéler, c’est leur partage du phénomène de « Généraux de la rue » (Massaly pour l’un et Blé Goudé pour l’autre). Mais savez-vous seulement que le phénomène Blé Goudé a été particulièrement déterminant dans l’érosion d’estime et la descente aux enfers du « boulanger » ivoirien, Laurent Koudou Gbagbo ?

Liberté oblige, nous vous reconnaissons le droit de prendre n’importe qui ou n’importe quoi pour modèle. Même un loup ou un bois mort. Seulement, cela heurte, devient pourrissant et attentatoire à la liberté démocratique lorsque vous menacez de transposer les méthodes brusques de vos modèles dans votre action publique. Simplement parce que vous êtes au « service » ( ?) mécanique d’un homme - fut-il Régent du pays ?

Monsieur le « Président »,

La liberté et le ton avec lesquels vous avez parlé sur la 2STV démontrent bien que le Sénégal n’est pas la Côte d’Ivoire. Dans ce dernier pays, il n’y avait, avant la chute de Gbagbo le 11 avril 2011, que deux (2) chaînes de télévision, et de surcroît toutes publique : TV2 et la fameuse RTI (Radio Télévision Ivoirienne), aujourd’hui disparue, qui a fait Charles Blé Goudé et propagé « sa pensée » jusqu’à votre salon à Dakar. Pas de télévisions privées nationales, en dehors de chaînes étrangères émettant depuis les bouquets satellites. Dans cette Côte d’Ivoire là, les radios privées, (il y en a très peu), sont aphones ou réduites à distiller du Zouglou à longueur de journée. Au Sénégal, vous avez l’embarras du choix, et vous savez que vous êtes plus écouté sur les ondes de radios et plateaux de télévision privées appartenant à de paisibles Sénégalais dont certains n’ont aucune accointance avec votre régime, voire même le combattent. Le pluralisme d’expression et la tolérance politique hérités du système étatique et démocratique mis en place par le Président Léopold Sédar Senghor et renforcé par le Président Diouf sont à l’origine de la place à laquelle vous êtes parvenu. Votre Charles Blé Goudé est, au contraire, le produit d’un bras de fer anti-démocratique, le fils et acteur d’une page d’histoire sanglante que les Ivoiriens s’empressent, au moment où nous écrivons, de tourner rapidement. Par les temps qui courent, en Côte d’Ivoire, c’est une offense à la mémoire de milliers de morts que de se réclamer de lui.

Pour beaucoup d’Ivoiriens, le « Général Machette » (autre surnom de Blé Goudé), c’est celui-là « qui a introduit la violence dans l’univers syndical de l’université ivoirienne », à ses heures de Secrétaire Général de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) ; c’est cet étudiant qui aura passé « douze (12 ans) au campus pour n’en sortir qu’avec une « Licence » en Anglais et de surcroit, réputée « volée (?) » ; c’est l’anti-républicaniste qui « s’arrogeait des quotas d’entrée dans les écoles de police nationale qu’il utilisait sur une base ethnique » ; c’est l’un des rares « milliardaires » au monde, si non le seul, « à n’avoir jamais exercé d’activité professionnelle connue, ni privée, ni publique. »

Blé Goudé, c’est ce petit parolier égaré qui a hélé la jeunesse africaine pour soutenir et accompagner son « Lumumba » local dans son « combat » contre tous les « ismes » (Impérialisme, Néocolonialisme, Occidentalisme etc). En vain. Avez-vous cherché à comprendre pourquoi son appel à cette jeunesse à se rendre en Côte d’Ivoire pour « défendre la démocratie et la vraie indépendance de l’Afrique » n’a pas eu écho au-delà de Yopougon (son fief à Abidjan) ? Parce que cette jeunesse a démasqué l’escroquerie intellectuelle qui consistait à la rendre complice d’actions d’étouffement de la démocratie.

En somme, Blé Goudé, c’est l’archétype d’une jeunesse de gâchis.

Alors, «  yaako (pitié) ! », (comme disent les Ivoiriens), pour ceux qui sont en mal de ce type de « héro » au Sénégal. Ils écumeront à force de prêcher dans le vide, faute de suiveurs bruts.

Nous sommes dès lors rassuré à l’idée que dans ce Sénégal où éclosent chaque jour des esprits libres d’une rare hauteur, d’une rare intelligence ; que dans cette terre de Senghor qu’arrosent le sang d’hommes héroïquement ensevelis et que couvent jalousement les Baraka de messies endormis (Cheick Ahmadou Bamba, Sérigne Abdoul Aziz Sy entre autres) ; que parmi cette jeunesse sénégalaise qui n’a d’idéal que d’apparaître dans tous ses équilibres au banquet mondial de la compétence professionnelle, de l’intégrité morale et de patriotisme sans intégrisme, il n’y ait qu’un certain Lamine Massaly seul qui soit exalté par l’œuvre d’un Blé Goudé.

Monsieur le « Président »,

Il nous souvient qu’autrefois, à l’école primaire dans les villages, enfants, nous reprenions mécaniquement en chœur, après le Maître, sans discernement, ni compréhension, les leçons du jour. Il apparaît, à vous entendre, qu’après avoir assimilé, vous êtes à présent prompt à reproduire mécaniquement les registres activistes de Blé Goudé, votre prophète. Ce qui nous apparaît fascinant pour vous chez cet homme, c’est en vérité, sa règle du coude-à-coude ; sa logique de l’invective et sa maxime de l’irrespect. Chez vous deux, « l’enfer, c’est les autres ». Il s’agit là, du format d’une raison captive, parce qu’intuitive. Cette forme de raison est le propre d’esprit non encore affranchi de sa direction par la matière. C’est le niveau primitif de l’intelligence, toute caractéristique regrettable pour tout jeune d’aujourd’hui, placé en « bénédiction » naturelle dans ce siècle où internet et les NTIC ont démocratisé le savoir et rendu « gratuite » l’intelligence.

Comme Blé Goudé qui disait « y a rien en face », que les adversaires de Gbagbo, « c’est maïs », vous menacez publiquement de vous en prendre à ceux de l’opposition qui seraient tentés d’insulter le Président Wade. Nous sommes d’accord sur le quart de votre argument sur ce point, car en démocratie, on n’insulte pas, on démonte les arguments de l’adversaire. C’est un jeu civil que doit habiter constamment le respect de la dignité et de l’intégrité morale et physique de l’Autre. Souffrez, cependant, que nous vous décevions en vous disant que cette opposition sénégalaise est tenue en majorité d’hommes et de femmes épris de cette dimension de la démocratie. N’eut été leur sens élevé de l’Etat et de ceux qui l’incarnent, les conditions étaient réunies pour eux de répercuter au Sénégal les exceptions révolutionnaires tunisiennes et égyptiennes du printemps 2011. Pour la même raison, vous et vos « Vieux Patriotes » du PDS n’aurez donc pas une seule opportunité de faire usage de vos « armes ».

Parce qu’une dernière fois, le Sénégal n’est pas la Côte d’Ivoire, le cas « Alassane Ouattara » ne s’y posant pas, vous n’aurez donc jamais, Monsieur « Blé Goudé Massaly », l’occasion, d’être xénophobe, ni de pourfendre les autres au nom de la « Sénégalité ».

Dr. Alassane Mamadou Ndiaye

 

Publicité
Commentaires
M
Bonsoir brother,<br /> On ne saurait mieux parler. C'est très dommage que nos intellectuels continuent de se comporter comme aux temps de la colonisation, c'est-à-dire a montrer des preuves d'assimilation néfaste. <br /> En tout cas, les jeunes intellectuels conscients ont du pain sur la planche car ces caïmans inconditionnels et arrivistes sont prêts à tous pour garder leur statut de chiens de garde des régimes au pouvoir.<br /> Bien des choses à toi et à la famille.<br /> Ton ami et frère.
"SANS LA LIBERTE DE BLÂMER, IL N'EST POINT D'ELOGE FLATTEUR" (Beaumarchais)
Publicité
Publicité